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Ferdinand Cup 2018 : Première à Magny-Cours

Par Ambroise Dupont | Photos Maurice Camus et Pascal Dro

Podium d'arrivée de la course Porsche Ferdinand Cup sur le circuit de Nevers Magny Cours 1° :Thierry Hamon et Stéphane Enout
Cette fois, elle est bien lancée, la Ferdinand Cup 2018. Après de longs mois de travaux hivernaux pour chaque concurrent, le challenge accessible à tous les Porschistes, avec leurs vielles autos et leur bonne humeur, est bien parti. Voici le récit d’une aventure en cours qui n’attend plus… que vous !

Quarante-sept voitures au départ de la course, dont un total de vingt-et-une Porsche et pas moins de onze disputant l’ouverture de cette deuxième Ferdinand Cup. Il n’y avait plus une seule place de grille disponible sur le tracé de Formule 1 de Magny-Cours. 

Comme en 2017, la Ferdinand Cup est incorporée aux VdeV Endurances Series et bénéficie des infrastructures de ce très beau championnat. Et, toutes les places étaient prises sur la grille de Magny-Cours. Les raisons de ce succès ? Sans conteste la simplicité du règlement – il n’y en a presque pas ! -, la possibilité de venir rouler, même pour ceux qui n’ont jamais piloté sur un circuit, et l’ambiance extraordinaire qui règne dans le paddock. 

Mais revenons à cette première manche de la Ferdinand Cup 2018 à Magny Cours, tous les concurrents ont débarqué dans le paddock de très bonne humeur, plus ou moins prêts à en découdre en piste.

Selon l’esprit souhaité – et que la Ferdinand Cup s’attache à préserver -, il s’agissait de se rendre à Magny-Cours par la route, avec une voiture en état de disputer deux épreuves d’une heure dans le week-end, et de reprendre la route ensuite, sans que cela coûte des fortunes, en restant dans la limite des 10 000 € à dépenser dans l’année sur la véhicule. Impossible à vérifier, certes, mais nous sommes là dans un « esprit » que tous soutiennent et respectent. Ainsi, les choses sont saines et limpides et l’escalade des coûts, souvent difficile à endiguer, n’a pas lieu.

Nous trouvions donc là trois Porsche 968 CS, dont celle du Garage du Centre, préparée par son propriétaire et pilote Stéphane Salerno et son ami Marc Lascar, la magnifique Porsche 968 CS Valvoline d’Alexandre et Thierry Simon et celle de l’équipage manceau d’Olivier Bougrat et Bruno Vieren, toute aussi belle et impressionnante en dépit de ses 225 000 km au compteur.

Du côté des beautés classiques – car on vient aussi à la Ferdinand Cup pour faire rouler des autos peu modifiées et sans leur faire courir trop de risques -, nous avions la splendide Porsche 911 2.0 de 1966 de Roger Pelaud, courageux de mettre une telle merveille en piste. Compte tenu de la taille du plateau et des écarts de vitesses constatés avec les autos en slicks de la catégorie Saloon Cars, il a décidé de ne pas disputer la course mais il est tout de même resté avec la joyeuse troupe de la Ferdinand Cup pour poursuivre ce week-end ensoleillé.

Autre merveille bien tombée, la Porsche 964 Carrera RS de Jean-Marie Pelletier et Jean-Jacques Loison, sur laquelle veillait Jean-Jacques Opportun, le magicien de la mécanique qui connaît si bien ce modèle et qui a réalisé la boîte de vitesses de la RS que Ferdinand Magazine restaure depuis deux ans. Tous deux découvraient la Ferdinand Cup à cette occasion et louaient la formule : « je ne souhaitais pas modifier plus que cela ma voiture, ni lui faire prendre trop de risques.

Alors, ainsi, avec des pneus à rainures homologués route typés “track days”, dans cette ambiance et avec cet esprit, je trouve la formule parfaite, totalement adaptée à la voiture et à nos ambitions ». Elle conservait son baquet passager, son équipement intérieur et n’avait reçu qu’un arceau en plus des accessoires de sécurité nécessaires et légaux. L’« esprit » de la chose est bien présent.

Pour le reste, l’aventure des premiers jours est restée de mise. Ambroise Dupont a déniché, l’avant-veille de la course, une 914 dotée d’un moteur de 964 d’origine. Mais à 250 ch, élargie et allégée au maximum, elle a signé d’emblée la pole position avant de s’incliner, durant la première course et alors qu’elle roulait en tête, en raison de problèmes mécaniques. Mais quelle démonstration ! La 914 sera au départ de la prochaine manche avec Guillaume Noiret et, à nouveau, l’excellent Patrick Boidron, cette fois, avec une bonne vidange et quelques attentions avant de prendre la piste.

Quant à Ambroise, il mettra en piste à Dijon la 911 RSR sur base 2.7 de 1973 sur laquelle il travaille depuis le début de l’hiver. Une beauté très attendue… Pour le reste, deuxième représentant de la catégorie Père et Fils, Christian et Arnold Noret ont eu la désagréable surprise de voir leur embrayage céder assez rapidement. Un concurrent en avait un de disponible, chez lui, à deux heures de route de là. Leur week-end aurait été sauvé… si son épouse avait accepté d’interrompre son shopping du samedi pour ouvrir la porte à Arnold, qui avait déjà pris la route. Mais elle n’a rien voulu savoir. Et, comme la paix des ménages n’a pas de prix, il a fallu se résoudre à garer la belle championne en titre pour cette fois.

La grille de départ, une Porsche 964 RS devant une Alfa Roméo GTV6 de Saloon Car
Changement de pilote à bord de cette belle 944 turbo

Une Porsche 944 Turbo de 300 ch pour la gagne, les flat6 à la peine.

Autre aventure épique, celle de la Porsche 944 Turbo jaune pilotée par Thierry Hamon et Stéphane Enout. Dénichée dans une petite annonce du Bon Coin, cette 300 ch jaune est arrivée le vendredi à Magny-Cours, sans avoir roulé depuis plusieurs années, sans révision ni niveaux faits et sans baquets ni harnais à bord. Max et Nicolas, les jeunes mécaniciens belges qui étaient venus avec Franck Laga ont mis la main à la pâte, et bien aidé Stéphane sur place. Et la belle a passé haut la main les vérifications techniques avant de s’imposer lors de chacune des deux courses ! Belle histoire, non ? Achetée 18 000 €, elle incarne parfaitement l’esprit de la chose. L’autre belle histoire, qui attendra sans doute le Paul Ricard pour concrétiser les espoirs placés en elle, c’est celle de Thierry et Alexandre Simon. Ils ont déniché une Porsche 968 bleu Maritime de 145 000 km cet hiver, très belle mais peu soignée par son ancien propriétaire et son « préparateur » de la région parisienne, pourtant réputé mais qui ferait mieux de changer de métier. Ils se sont donc attachés, l’un et l’autre, à la remettre d’aplomb, à faire ce qu’il y avait à faire, à dénicher et à « sourcer » les pièces nécessaires pour qu’elle retrouve des couleurs et puisse venir et être mise en piste à Magny-Cours. Immédiatement, elle a marqué les esprits en réalisant un chrono absolument canon, avant que de petits soucis de jeunesse ne la clouent au stand. Quelques heures de mécanique plus tard, elle s’est élancée depuis la fin de la grille et est remontée jusqu’à la tête de la course. Las, Alexandre Simon a préféré abandonner pour cause de bruit moteur suspect. Une vraie déception pour le père et le fils qui avaient tant travaillé pour être prêts dans les temps. Rapides, ils le sont indéniablement. Mais que la course peut être cruelle, parfois.

Enfin, du côté des satisfactions, nous avons noté la fiabilité absolue de la 911 RS 3.0 de Franck Laga, construite par André Caruso. Après les quatre courses de la saison 2017, deux journées de roulage à Spa-Francorchamps et ces deux épreuves de Magny-Cours, la belle demeure totalement fiable. À noter, également, les progrès réalisés par Franck Laga dont les chronos se rapprochent désormais de très près des tous meilleurs. C’était également là l’un des objectifs de la création de la Ferdinand Cup : permettre à tous d’apprendre, jour après jour, séance après séance, à piloter leurs propres voitures de course et à exploiter le potentiel – souvent laissé en sommeil – de leurs Porsche.

Et c’est exactement ce qui se produit désormais. Ainsi, Bastien Mathieu, fou de rallyes et à la culture du sport automobile livresque, est-il venu au volant de sa 911 SC 204 ch avec ses vieux pneus et un moteur affichant 240 000 km. Totalement néophyte, il a pris la piste, avec les grands principes du pilotage et de la course entre les deux oreilles, et il a progressé, tour après tour, pour finir – en même temps que son moteur ! – par prendre du plaisir et exploiter, placer, manier et utiliser son auto de mieux en mieux. Bien sûr, le vieux bloc aurait eu besoin d’une bonne révision avant… Mais bon, ce qui est fait est fait. Et si vous trouvez un moteur de trois litres en bon état, il vous en sera éternellement reconnaissant !

Restent les deux courses, que nous allions oublier, tant le week-end de Magny-Cours fut sympa et convivial. Pour la première, cela a été un très beau podium constitué de la Porsche 944 Turbo, de laPorsche 968 CS Martini et de laPorsche 964 Carrera RS représentant parfaitement la diversité des autos présentes. En piste, on n’a pas déploré la moindre sortie ou accident. Un point essentiel, que les pilotes gardent tous en tête pour leur plus grand bonheur : il y a deux heures de course et tout casser ou prendre des risques avant le dernier tour de la deuxième constitue le meilleur moyen de ruiner son week-end. Pour le reste, outre des soucis de fiabilité essentiellement dus à la chaleur, toutes et tous ont été enchantés par l’ambiance et la solidarité qui a régné dans le paddock. Et cela du baisser du drapeau jusqu’à l’arrivée de tous le soir, à Paris, au Mans, à Nancy, à Évry, etc. Tous les téléphones ont crépité pour trouver les pièces qui manquaient aux uns ou aux autres, les artisans disponibles, les copains, etc., afin de réviser, réparer et transporter les autos au plus vite en vue du Paul Ricard. Une sorte de solidarité spontanée de garnements qui se sont bien marrés et qui veulent recommencer.

La Porsche 9444 turbo jaune des vainqueurs Thierry Hamon et Stéphane Enout
Presque un proto sur base de Porsche 914, victime de son moteur.

Quelques mots de la course sur le circuit du Castellet :

Dans la semaine du 24 mai, tout le monde s’est agité à l’approche de la deuxième manche. Les grands travaux ont été rondement menés : Bastien a déniché et fait remplacer le moteur de sa Porsche 911 SC à force de kilomètres abattus entre Paris, Chambéry et la Vendée. Thierry et Alex Simon ont retrouvé un moteur qui a été révisé et installé dans leur Porsche 968. Las, l’alternateur mettait tout en court-circuit à chaque démarrage. Ils ont décidé de jeter l’éponge. Stéphane Salerno a renoncé pour cause de charge de travail dans son agence. Bastien, quant à lui, nous a rejoint sur place, mais sans sa SC, préférant la faire rouler avant de la remettre en piste. Quant à Ambroise, dont le moteur flat6 3.6 de Porsche 993  avait cassé sur sa Porsche 914, il a débarqué dans le paddock avec la Porsche 911 3.0 RSR qu’il construisait de ses mains, chaque soir, depuis plus d’un an. Bien sûr, elle est équipée d’un 3.6 de 300 ch, moins cher qu’un vrai moteur de 911 RSR et d’un niveau de puissance sensiblement égal. Il a bluffé tout le monde par la qualité de son travail, mis en piste un an après avoir lancé le projet. Nous avons également trouvé en piste la belle Porsche 911 orange de Philippe Dumay et Jérôme Hoff, elle aussi équipée d’un moteur Flat6 de 300 ch et toutes deux allaient briller en piste. Aux essais, Gilbert Daumas a mis tout le monde d’accord. Les 400 ch de sa 968 Turbo n’ont laissé aucune chance à personne. Suivaient Stéphane Enout/Thierry Hamon avec la 944 Turbo, puis Ambroise Dupont et sa Porsche 911 RSR rouge, ainsi que Jean-Marie Pelletier et sa Porsche 964 RS, cette fois copilotée par Hervé Glinche.

Au départ de la première course, le samedi soir, tout le monde était fou de joie. Nous venions d’apprendre que Patrick Tambay, ex-McLaren, Ferrari, Renault, Ligier… en Formule 1 allait nous rejoindre pour le week-end. Finalement, il n’est arrivé au circuit que samedi matin, juste avant le départ et a passé tout le week-end avec nous, racontant des histoires de course, partageant les interrogations des uns et des autres et dédicaçant toutes les Porsche dont les propriétaires le souhaitaient.

Au départ, tout le monde s’est élancé sans encombre au milieu des trente-huit voitures en piste. Les débutants ont appris au passage quelques ficelles du métier, qui sont rentrées, tour après tour, chez tous les participants qui se sont éclatés en piste. Las, après trois boucles, l’embrayage de la 3.0 RS de Franck Laga/Pascal Dro a cédé, contraignant la belle à abandonner sa troisième place provisoire. Un disque renforcé d’occasion a été trouvé dans la soirée et l’équipe Glory & Legendary de Jean-Louis Meynart, qui réalisait l’assistance pour certains participants, a réussi à le changer pour la course du lendemain. Malheureusement, c’est alors le moteur qui a donné des signes de fatigue, l’équipage préférant alors se retirer.

Ainsi, en première manche, la Porsche 968 Turbo s’est imposée facilement devant la 944 Turbo, la 964 RS et la Porsche 911 RSR rouge, très en verve, mais qui a dû céder sa place sur le podium dans les derniers mètres.

En seconde manche, elle s’est vengée et s’est emparé de la deuxième marche du podium, devant la belle 944 jaune. À noter les progrès réalisés durant tout le week-end par l’autre équipage père/fils, Arnold et Christian Noret au volant de leur Porsche 944 S2, et la belle 5e place de Philippe Dumay, qui a réalisé une entrée remarquée en Ferdinand Cup.
À Dijon, pour le dernier week-end de juin, tous les lecteurs de Ferdinand sont attendus pour un pot sur place en fin de journée, le vendredi soir.
Quant au Mans, les 5 et 6 octobre, il reste encore des places pour les débutants ou les amateurs, quelles que soient leurs Porsche, pour peu qu’elles soient antérieures à 1995. Alors, si apprendre à piloter en circuit avec nous vous tente, surtout, rejoignez-nous. 

Contact :
Stéphane Enout, au 06 20 33 50 44 et par mail
à l’adresse stephane@ferdinandlemag.com.

Calendrier 2018
Dijon 30 juin et 1er juillet
Le Mans – Bugatti 5-6-7 octobre

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