LA FERDINAND CUP AU GRAND PRIX DE PAU
Pour cette deuxième manche de la Ferdinand Cup 2019, c’est dans le cadre du Grand Prix de Pau que vingt courageux s’étaient donné rendez-vous. Un lieu historique et exigeant où l’on retrouvait en guest stars Jean-Claude Andruet, Stéphane Ortelli et de nouveaux venus plutôt ambitieux.
Par Stéphane Enout| Photos Philippe Boutié
Après la très belle manche d’ouverture disputée lors de la prestigieuse European Le Mans Series, sur le tracé F1 du Circuit Paul Ricard, la Ferdinand Cup a mis le cap sur le Béarn et sur le plus ancien tracé naturel en ville d’Europe.
La proposition était la suivante : tous allaient pouvoir disputer le très difficile Grand Prix dans les rues de Pau, sur les traces de Jim Clark et, aussi, fêter les soixante-dix ans de la première victoire de Fangio ici. Bien sûr, si l’affiche était alléchante, elle était assortie d’un niveau de risque un peu supérieur à celui d’un tracé classique. Si bien que, lors du briefing, tous les pilotes ont été prévenus : pas de tour au ralenti, pas de glissade inconsidérée entre des rails très proches et, sur tout, une attention toute particulière à porter au départ, traditionnellement « chaud » à Pau.
La participation, comme à chaque épreuve, s’était étoffée. Cette fois, c’est Christophe Terriou et sa belle 911 de 1973 qui ont débarqué parmi nous. Figuraient également deux nouvelles 964 RSR (Sébastien Mathieu et Patrick Delannoy), très affutées et, aussi, la modeste 911 SC 2.7 de série de Bastien Mathieu, avec une préparation châssis qui allait lui donner des ailes tout en restant dans l’esprit de la Ferdinand Cup, avec ses 180 ch : « L’idée d’acheter une vieille 911 – la mienne à trente ans et 250 000 km – puis un casque et une combinaison, de faire l’appoint d’huile et d’essence et de venir par la route était plus que séduisante… ». Idem pour Yves et Vincent Le Tilly et leur 914, malheureusement à nouveau retardée par des soucis techniques. Celle de Guillaume Noiret et de Stéphane Enout, préparée par Bakerstreet Racing – qui loue des volants à la course ! – et qui avait souffert d’un réservoir qui déjaugeait au Paul Ricard, se débattait, cette fois, avec une commande de boîte baladeuse. Côté « moteur avant », Éric Faure et sa 968 Turbo personnalisée ont été, à nouveau, la proie à des soucis techniques. Pilotée de main de maître par Jean-Claude Andruet, la voiture est toutefois apparue plus que prometteuse. Il lui faut sans doute encore un peu de mise au point et de fiabilité.
Trois RSR, trois RS et, aussi, des 924, 968 et 928. Et pourtant, tout le monde a passé un moment merveilleux, en piste comme dans les stands.
Quant à son pilote « gentleman », tout le monde l’attend pour Spa avec Jean-Claude, ex-vainqueur de la grande épreuve de 24 Heures. Idem du côté de Laurent Gaisne, cette fois associé à Gillian Garret, qui débutait en FC. Il progresse à chaque sor tie au volant de sa 968. Quant à Maeva et Benjamin Moussion, qui courent en couple, ils n’ont, une fois de plus, pas eu de chance avec leur 968, en panne avant de quitter l’atelier. Courageux, ils ont tout de même fait le trajet de la Provence au Béarn pour être présents parmi les furieux de la bande, juste en spectateurs, pour le plaisir et pour l’ambiance. C’est aussi cela, la Ferdinand Cup : un état d’esprit très potache et « brancheur » où tout le monde trouve sa place. Pour Patrick Boidron, vieux routier des circuits qui approche de la retraite, son ami Michel avait achevé la préparation de leur 944 l’avantveille avant de prendre la route de Pau. Mais, faute de roulage et de peur de tout casser, ce dernier a préféré temporiser. Autre fait important : on a retrouvé Jean- Marie Pelletier avec sa belle 964 Carrera RS et un moteur refait après sa mésaventure de la fin de la saison 2018. Désormais, en comptant celles de Cédric Torres et de Pascal Dro, nous avons donc trois RSR (avec celle d’Ambroise Dupont et Jacques Colibet) et trois 964 Carrera RS. À noter que Pascal Dro a été rejoint, pour l’occasion, par l’un de ses ex-coéquipiers des années Daytona, Philippe Lenain, qui arrivait directement de Rangoon et a beaucoup couru en endurance aux États-Unis dans les années 1990. La 924 S de JS Speedshop est toujours aussi belle et bien préparée, l’atelier s’occupant désormais aussi de la 944 des Noret père et fils, en tête du classement « Stock ».
LA 964 CARRERA RS DE JEANMARIE PELLETIER QUI PASSE LA 911 SC DE JACKY TILLOS AVANT LE PONT OSCAR. RESPECT.
LA LÉGENDE JEAN-CLAUDE ANDRUET ET SON COÉQUIPIER ÉRIC FAURE SUR LA PRÉGRILLE. DOMMAGE QUE LA MÉCANIQUE DE LA 944 DU CIRE RACING AIT RENDU L’ÂME.
LE VAINQUEUR DU MANS, DU TOUR DE CORSE ET DU MONTECARLO NE CESSE DE FAIRE LE PITRE. MAIS, EN PISTE, QUEL COUP DE VOLANT !
TROIS 964 RSR ONT DÉBARQUÉ EN FORCE À PAU. QUELLES AUTOS INCROYABLES !
Ordre serré
Enfin, le tableau ne serait pas de la bonne couleur sans la 928 fluo de Pierre Millo qui a accueilli à bord, cette fois, Stéphane Ortelli, vainqueur des 24 Heures du Mans en 1998 sur Porsche et metteur au point émérite des Audi R8 d’usine. Quant à Jean Louis Meynart, le préparateur belge qui possède un coup de volant extraordinaire et rêve de le partager avec ses clients, il a réalisé un boulot fantastique avant cette épreuve de Pau et prévoyait déjà d’acheter deux autos pour ses clients. Mais, quand l’heure d’entrer en piste est venue, sous la pluie, plus personne ne pensait aux échanges colorés sur la Ferdinand Cup sur le groupe Whatsapp et la page Facebook. Désormais, c’était sérieux… Il fallait apprendre le circuit et se mettre en position de briller en qualifications.
Là, on a retrouvé les grosses pointures et les gros moteurs en tête. Les plus de 300 ch ont trusté les six premières places, ce qui était assez logique. L’écart avec les autres a frôlé les 10 s d’avance. C’est désormais ainsi : il y a les gros bras et ceux qui s’amusent, très sérieusement, à apprendre et à progresser. Il y a les pilotes d’expérience et ceux qui apprennent, très vite, à piloter et à se battre. Il y a aussi les débutants, mais ils ne le restent jamais très longtemps. Bref, à l’exception du départ un peu hésitant de la RSR rouge d’Ambroise Dupont lors de la première épreuve, qui a permis au nouveau venu Philippe Lenain de le passer avant le premier freinage, l’ordre des qualifications s’est retrouvé inchangé après le premier tour. Pour les spectateurs, la bagarre a été de toute beauté entre les trois grosses RSR, la 964 RS survitaminée menée de main de maître par Cedric Torres… et la version 2.4 de 1973 « légèrement » réalésée de Christophe Terriou, qui allait mettre tout le monde d’accord. Son secret ? Un long sevrage de course, un style très particulier – il était le seul à descendre du Parc Beaumont sur les trottoirs ! – et une auto affûtée comme une lame de scie. Tout cela mis bout à bout en a fait le candidat désigné pour la victoire. Et, effectivement, il a terminé la première manche avec 20 s d’avance sur la RSR de Sébastien Mathieu qui a dominé, pour sa part, la RS de Cédric Torres de 27 s.
PHILIPPE LENAIN AVAIT FAIT LE VOYAGE DEPUIS RANGOON, OÙ IL VIT, POUR DISPUTER LE GRAND PRIX DE PAU SUR UNE PORSCHE. POUR RIEN AU MONDE, IL N’AURAIT MANQUÉ CETTE COURSE !
LA PORSCHE 968 CS D’OLIVIER BOUGRAT, REVENUE EN PLEINE FORME, ET L’UNE DES TROIS RSR PRÉSENTES. IL EXISTE DÉSORMAIS DEUX CATÉGORIES PARMI LES AUTOS ENGAGÉES EN FERDINAND CUP.
En catégorie « Stock », l’équipage Salva/Morisset a remporté une belle 8e place au général pour s’imposer face au duo Bougrat/Vieren tandis que les leaders du championnat, les Noret père et fils, ont complété le podium. À noter que cinq voitures ont dû abandonner sur casses et pannes. Pour la deuxième épreuve, les Noret ont conservé leur rang tandis que la victoire en « Stock » revenait, à nouveau, au JS Speedshop devant le duo Bougrat/Vieren, très en verve tout au long du week-end. Devant eux, on retrouvait le trio infernal, cette fois un peu plus rapproché, constitué de Terriou/Mathieu/Torres, suivi par Delannoy, Dupond/Colibet et un excellent Jean-Marie Pelletier qui a retrouvé, le dimanche matin, sa hargne et son coup de volants légendaires. Et savez-vous ce qu’ont fait les équipages après le baissé du drapeau ? Ils se sont enquis des soucis de ceux qui avaient dû abandonner. C’était vrai le samedi avec Emmanuel Roulland, qui n’a pas eu de chance avec la 944 tenante du titre, pour Philippe Lelièvre qui n’en a pas eu plus avec sa très belle 964 C2 et pour Yves et Vincent Le Tilly, également malheureux. À noter, pour la première fois, la présence d’un « régional de l’étape » en la personne de Jacky Tillos, qui anime Le Berry, la plus chouette brasserie de Pau. Il a invité toute la troupe chez lui pour l’apéritif du samedi soir ! Il a partagé le volant de la Porsche 911 SC 3.0 de Stéphane Codet.
Les deux dernières épreuves de la saison auront lieu à Spa- Francorchamps et… à Miami. Une finale en apothéose dont tout le monde ne cesse de parler !
Spa et Miami en vue
Pourquoi cela marche-t-il ainsi en Ferdinand Cup ? Pourquoi une telle ambiance ? Personne ne l’a vraiment compris à ce jour, mais il y a désormais plus de cinquante pilotes et une trentaine de voitures, plus ou moins régulières, en piste. À bien y réfléchir, la raison principale doit tenir à ce règlement technique… qui n’existe toujours pas ! En réalité, la seule règle que s’étaient fixés les équipages initiaux, c’était de ne pas dépenser plus de 10 000 € dans l’année, tout compris. Pour la plupart d’entre eux, cela reste possible. Pour d’autres, qui souhaitent gagner, c’est sans doute un peu plus dur. Mais gare à la sanction, « prévue par le règlement » : en effet, celle ou celui qui sera soupçonné(e) de dépenser beaucoup plus que cela sera… rasé(e) en place publique. Plus sérieusement, débutants et pilotes confirmés s’aident aussi en piste et avant de prendre la piste. Bien sûr, nombreux sont ceux qui souhaitent briller ou gagner, mais l’essentiel n’est pas le podium. En effet, les débutants apprennent, passent leur weekend à écouter les histoires de champions tels que Jean- Claude Andruet ou Stéphane Ortelli. Et puis, quand c’est un Éric Camilli qui prend le volant au milieu de tous ces amateurs, aucun ne sait qu’il est pilote d’usine Ford en WRC. Mais tout le monde savoure leur gentillesse et leur bonheur à partager conseils et trucs de pros après la course, quand sont tirés au sort les deux superbes chronographes réalisés et offerts par MAT Watches, quand Michelin offre des pneumatiques et quand nous débouchons tous ensemble quelques beaux « flacons » de Champagne Lanson. La suite ? Nous serons tous à Spa Francorchamps le week-end du 20 septembre pour la troisième épreuve de la saison, dans le cadre à nouveau somptueux des Ardennes belges et de l’ELMS. La suite sera un final en apothéose puisque nous embarquerons les autos pour Miami où nous disputerons, le 30 novembre, tous ensemble, les 500 Miles sur le circuit de Homestead.
GUILLAUME NOIRET ET STÉPHANE ENOUT À BORD DE LEUR 914-6 À MOTEUR 3.6 DU BAKERSTREET RACING.
LAURENT GAISNE A VÉCU À PAU LE DEUXIÈME MEETING DE COURSE DE SON EXISTENCE. UN CHOIX COURAGEUX ET UNE PASSION EN PLEINE ÉCLOSION.
Si vous souhaitez débuter ou louer un volant, que vous soyez totalement novice ou pilote confirmé, contactez Juan-Pablo au 06 20 33 50 44 et sur redaction@ferdinandlemag.com.